Regards Croisés sur : La Dermite Estivale

Si le retour des beaux jours est synonyme d’escapade avec votre cheval, cette période peut parfois être entachée par l’apparition de démangeaisons intenses. La dermite estivale récidivante équine (DERE) en est souvent la cause. Véritable calvaire pour le cheval et le propriétaire, la DERE est difficile à enrayée, d’autant plus que son origine n’est pas parfaitement élucidée.
Alors comment accompagner un cheval souffrant de dermite ?

Nous explorerons plusieurs pistes selon le prisme de la phytothérapie, de l’aromathérapie, de la gemmothérapie et de l’Ayurvéda .

L’origine de la DERE


La DERE est principalement causée par une catégorie de mouches, les Culicoïdes, qui affectionnent les eaux stagnantes ou peu courantes. Les mares, les étangs, et les petites rivières sont les lieux de vie favoris de ces petites mouches.
Cependant, la DERE est multifactorielle : le prurit est également favorisé par une réaction allergique au soleil (notamment due à la présence de phylloérythrine, produit issu du métabolisme de la chlorophylle et qui s’avère photosensibilisant). C’est l’association des piqûres des mouches Culicoïdes et l’exposition au soleil des chevaux vivant au pré (un milieu de vie naturel donc) qui déclenche la DERE.
La DERE est donc une réaction allergique.


Mais pourquoi certains chevaux déclenchent cette réaction allergique ?

Les troubles des fonctions de la peau ne sont souvent que l’expression visible de déséquilibres plus profonds.

Selon l’Ayurveda, la peau (Tvak) est liée au premier tissu (Rasa Dhatu) du corps, qui est lui-même directement issu de la digestion et qui construit les autres Dhatus. La peau est donc le reflet de l’état du reste du corps et notamment des toxines (nourriture et émotions non digérées) mais également de notre immunité. Émonctoire majeur, elle est comme le foie, un organe Pitta.
L’allergie est une hypersensibilisation de l’organisme face à des substances. C’est une réaction inflammatoire disproportionnée de l’immunité face à un allergène.
L’allergie est selon l’Ayurveda causée par une accumulation de toxines (amavisha) : ce sont ces toxines qui sont responsables de la réaction et non pas l’allergène en soit … Les réactions allergiques des chevaux Pitta (Feu et Eau) sont plus intensément et ressortent généralement sur la peau …
Et la DERE est une pathologie Pittaja : elle est déclenchée/accentué par le soleil (le feu est Pitta), elle se manifeste sur un organe Pitta, la manifestation -l’inflammation- est Pitta également… et les réactions du cheval (énervement, colère, agressivité…) sont également de nature Pitta…. Au-delà du fait que certaines races sont davantage prédisposées à développer ces réactions de prurit (le Haflinger, le Frison, le Fjord ou encore le Trait breton), les chevaux Pitta sont donc beaucoup plus touchés par la DERE que les autres constitutions. On cherchera donc à réduire les excès Pitta du cheval, en adaptant le rythme de vie, le lieu de vie et en travaillant en phytothérapie avec des plantes rafraichissantes et calmantes.
La maîtrise du lieu de vie de votre cheval reste la première marge d’action. Il faut apaiser Pitta Dosha : favoriser les endroits frais et calmes, éloigner le cheval le plus possible des refuges à mouches Culicoïdes, en les abritant en journée et en leur permettant de pâturer la nuit par exemple. Mettre une couverture de protection intégrale. Protéger au maximum du soleil, proposer des baignades/douches, eau fraîche à volonté. Eviter les activités physiques axées sur la compétition, le challenge, mais faites-le bouger (durant les heures fraîches) pour que l’énergie ne s’accumule pas avant d’exploser …

Mais cela ne sera malheureusement souvent pas suffisant : il faut apaiser le Dosha manifesté mais également travailler en profondeur sur le causal… Et le causal peut être Pitta mais également Vata…Le vent qui souffle sur le vent et crée un incendie… Là la cause sera plus souvent liée au stress, et à un déséquilibre au niveau du côlon…

Mais quelle que soit la cause, en plus de la régulation du mode/rythme/cadre de vie, il est souvent indispensable d’accompagner en phytothérapie, pour permettre un travail sur plusieurs plans : physique, émotionnel, énergétique…


Comment diminuer la réaction allergique en phytothérapie ?



Apaiser les réactions inflammatoires


De la même manière que votre vétérinaire pourra vous proposer une action à base de corticoïdes, on privilégiera en phytothérapie (lorsque la santé de votre cheval le permet, cushing s’abstenir) des plantes dites cortisone-like : elles agissent en diminuant la réponse inflammatoire provoqué par le système immunitaire. Par exemple le
Cassis (Ribes nigrum), que l’on pourra administrer sous forme de gemmothérapie (macérât glycériné de bourgeon de Cassis) ou de plante sèche ou le Pin sylvestre (Pinus sylvestris) sous forme d’huile essentielle. Le Curcuma est également très efficace.
Localement certaines huiles essentielles sont anti-prurit comme l’HE de Lavande vraie, ou de Palmarosa.

Lorsque les démangeaisons sont si intenses qu’elles altèrent l’intégrité de la peau en formant des plaies on pourra aider la cicatrisation avec des cataplasmes de feuilles de Consoude (Symphytum officinale) ou sous forme de baume (si les plaies ne sont pas infectées) ou encore du gel d’aloé vera.


Nettoyer l’organisme


Lorsque Pitta est en déséquilibre, il est intéressant selon l’Ayurveda d’aller travailler sur le plan profond en agissant sur le foie. On privilégiera des plantes drainantes, pour soutenir l’organisme dans ces fonctions émonctoires (foie et peau) avec des plantes comme la Bardane (Arctium lappa), ou la Fumeterre (Fumaria officinalis) mais également le Neem, le Curcuma, l’Ortie.



Gérer le stress


La peau est un organe extrêmement sensible chez le cheval. Le toucher (et le grooming !) permet de transmettre un sentiment d’amour et de sécurité…
Si le stress est impliqué dans la réaction allergique, plus les chevaux de profil Vata-Pitta, on alliera donc un travail sur le massage et les caresses avec des plantes apaisantes au niveau nerveux et de l’olfacto: huiles essentielles en olfacto de camomille romaine, lavande fine, petit grain bigaradier…

Emeline Díaz, Thérapeute en Ayurveda humain & équin, Yogathérapeute et experte en soins naturels
Marion Le Coguiec, Herboriste, aromathérapeute et phytothérapeute humain & équin

 

Votre vétérinaire reste le premier maillon de la chaîne de soin de votre cheval.