En automne, c’est toujours la même chanson. Je sais qu’il faut que je me pose, que je me centre, que je ralentisse. Qu’après la danse des formations de l’été, les échanges passionnés – Pitta est passé par-là- et passionnants avec mes amies formatrices, avec les élèves, il faudrait que je fasse silence. Ma gorge me le rappelle bien souvent. Apaiser Vyana et Udana, revenir en son centre –
Mon Vata me pousse dans mes extrêmes, toujours le même schéma. Aller au bout de moi-même. Je le sais que ma résistance mentale est plus forte que mon enveloppe de densité physique, plus besoin de jouer à cela. Merci frère corps de ta patience infinie. Et pourtant, le souffle court, mes journées défilent, image après image, tranches de vie qui s’accélèrent. Vata augmente toujours plus… il est temps d’appuyer sur pause.
Faire silence. J’oscille toujours entre ce besoin profond de retrait en moi-même et d’élan fougueux vers les autres. Vibrer de ces partages, accompagner de tout mon cœur. Et puis m’isoler, ne plus supporter le contact. Comme une vague qui monte, et qui nécessairement doit se replier sur elle-même. Comme un souffle.
J’ai compris que ce n’était pas contradictoire. J’ai accueilli que c’était ma nature. Entre Vent et Feu, entre Eau et Espace. Ce qui peut sembler irréconciliable n’est en réalité qu’une question de degré, d’intensité. Le déséquilibre ne se crée qu’à partir d’un excès, d’une accumulation en Ayurveda. Je tâtonne encore, pour rester en équilibre. Parce que l’équilibre, comme me le fait si bien vivre Célia à cheval, est perpétuellement mouvant. Rien n’est figé. L’équilibre n’est jamais statique. L’équilibre c’est se mouvoir au rythme du vent, du souffle, d’une émotion. C’est laisser le corps embrasser l’espace, et se réadapter à chaque nouveau son, chaque nouveau pas, chaque nouvelle information. L’équilibre c’est accepter de plonger dans ce moment fugace où tout se déconstruit, l’avoir anticipé, sourire aux lèvres, avec grâce et finesse, pour récréer en un instant un nouvel équilibre, différent du précédent. Parce que là se loge la Vie, dans ce rythme incessant, infini, cette circulation libre, qui jamais ne se fige, ne se bloque.
J’ai compris que faire silence ne dépend pas de l’extérieur. Qu’être en équilibre nécessite un lâcher-prise et une écoute pleine.
Faire silence pour que tout soit limpide et clair. Parce que ce retrait dont j’ai besoin, c’est souvent de mon propre mental.
Alors qu’il y est silence ou chanson, qu’il y ait présence d’un autre ou juste de moi-même n’a plus d’importance. Seul compte le fait d’être là.
© photo : Ghislain_aube
Talismans Mineralosophie